Monsieur le Président, surprenez-nous !

Publié le 12 Avril 2020

Emmanuel Macron est un jeune Président de la République. Il a su créer un réel enthousiasme lors de la campagne présidentielle de 2017, balayant les anciens partis à bout de souffle dans leurs rivalités et querelles internes ravageuses. Sa priorité fut alors de soutenir nos entreprises dans une économie mondialisée très concurrentielle pour sortir d’un chômage de masse. Il fut aussi à l’avant-garde pour redonner à l’Union européenne un nouveau souffle indispensable afin de protéger nos économies dans ce vaste marché mondial.

Mais une incompréhension s‘est forgée avec une partie du peuple français, très attaché à l’idée de l’égalité. Il faut reconnaître des maladresses de langage. Cette France "des premiers de cordée" a été mal ressentie, certaines phrases dans des dialogues directs ont pu choquer. Jamais aucun Président de la République n’avait été aussi proche dans ses échanges avec les Françaises et les Français, mais à l’heure des réseaux sociaux une expression maladroite peut avoir des effets redoutables, largement utilisée par les adversaires politiques.

Progressivement l’image s’est construite d’un jeune Président « premier de la classe », arrogant, ne retenant que la réussite, éloigné des difficultés d’une partie des Françaises et des Français. Assuré de l’importance de son engagement pour redonner à notre économie sa vitalité, Emmanuel Macron n’a semble-t-il pas perçu la fracture naissante avec ce peuple. Le mouvement des gilets jaunes allait révéler l’importante de celle-ci. La dérive de ce mouvement dans des actions violentes ne pouvait être acceptée, pour autant le Président de la République était affaibli.

La France allait connaître alors un épisode assez étonnant d’un Chef de l’Etat venant à la rencontre de ce peuple en révolte. Ces face-à-face ont sans nul doute révélé une nouvelle fois les capacités de ce jeune Président mais pour autant ont-ils permis de renouer réellement le dialogue ? Emmanuel Macron acceptait certes d’écouter mais il voulait surtout convaincre du cap à suivre pour permettre à l’économie française d’être compétitive. Les Françaises et les Français ont compris sa volonté, mais était-ce vraiment ce qu’ils attendaient ?

Aujourd’hui ce jeune Président a-t-il perdu la partie ? La cassure est-elle si forte qu’il n’y aura pas de possibilité de souder un nouveau contrat entre le Peuple et son dirigeant ? Pas si sûr … D’ailleurs, on ne voit pas de réelle alternative venir, ni à gauche ni à droite. Les anciens partis sont à la tâche dans leur œuvre d’opposition, ils s’y complaisent au point d’en oublier de préparer sérieusement un avenir au pays. Leur espoir semble se résumer au rejet de la politique mise en œuvre pour retrouver leur pouvoir comme avant. Cela suffira-t-il ?

En fait, la question qui va être essentielle c’est de voir si ce jeune Président va apprendre de cet exercice du pouvoir. Homme intelligent, cultivé, ouvert au monde, amoureux de la France, de son histoire et de son peuple, Emmanuel Macron a-t-il dit son dernier mot ? La crise épidémique dont nous souffrons actuellement bouscule l’économie mondiale. Les certitudes sur un type de fonctionnement sont remises en cause. Les vieux partis ressortent leurs recettes, mais c’est bien quelque chose de neuf qui est à construire. N’est-ce pas l’heure pour un Président jeune et brillant de jouer un rôle pour le pays et son peuple ? Il faudra surprendre, ce monde d’après est une nouvelle belle page de notre Histoire à écrire.

Philippe Allard

Rédigé par Philippe Allard

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