La bataille du rail

Publié le 28 Février 2018

Le Président de la République et le gouvernement ont décidé de s’attaquer au statut des cheminots, considéré comme un frein au développement de l’entreprise à l’heure de l’ouverture à la concurrence.

L’opinion publique semble accepter cette remise en cause. Le statut fait des envieux, les salariés trouvent en effet les avantages donnés à ces salariés du rail bien trop importants. Et puis toutes ces grèves, pour défendre le statut d’une minorité, rendent la vie trop difficile à des millions de salariés pour se rendre à leur travail. Enfin, beaucoup se plaignent des services de la SNCF, avec des retards et des ennuis techniques à répétition. Tout cela s’ajoute, toutes ces causes conduisent à se désolidariser de ces salariés considérés comme bien trop gâtés.

La volonté de moderniser l’économie dans un monde ouvert à la concurrence imposerait de supprimer ce statut particulier des cheminots. Il serait la cause des difficultés de l’entreprise. Mais est-ce vraiment ce statut qui a entraîné ces difficultés ? La ministre des transports a de son côté rappelé les mauvais choix stratégiques décidés par l’Etat. Ce statut est-il donc vraiment incompatible au développement de cette entreprise ?

Au-delà de ce débat sur l’intérêt de l’entreprise de la SNCF, c’est à toute une histoire que l’on s’attaque en voulant détruire ce statut particulier.

Ce statut c’est un palais social résultant de longues luttes de salariés pour arracher des droits sociaux. Mis en place au siècle dernier, ce statut s’inscrit dans une histoire où les salariés devaient lutter pour conquérir leurs droits à des congés payés, à un salaire décent, à une durée de travail limitée, à des règles de sécurité, à une retraite. Ce sont aujourd’hui des acquis sociaux que l’on doit à ces combats des salariés, des droits sociaux que beaucoup de travailleurs nous envient dans le monde.

Il faut prendre conscience qu’en remettant en cause ce statut des cheminots c’est à un monument de notre histoire sociale que l’on s’attaque. C’est une cathédrale sociale que l’on s’apprête à détruire.

Oui les salariés du rail font des envieux car ils bénéficient d’un modèle social. Mais quelle société voulons-nous ? Quel modèle portons-nous dans le monde ? Quelle voie porte la France ? Devons-nous abandonner le rêve socialiste du progrès social ?

Ce rêve socialiste s’inscrit dans une longue histoire humaniste de la France. C’est le socialisme de Jaurès. Une société peut-elle se construire seulement sur le capital ? Où en est-on dans la solidarité entre les salariés ?

Cette solidarité d’un peuple est si essentielle lorsqu’il porte le progrès. Pour libérer le pays de l’occupation nazie, les cheminots ont mené la bataille du rail. Les cheminots c’est une grande histoire de solidarité. C’est notre histoire pour faire de la France un peuple généreux et porter un modèle de société.

Oui je suis triste, car en détruisant un statut, c’est tout un idéal que l’on va abattre.

Philippe Allard

Rédigé par Philippe Allard

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