La fin d’un héritage ….

Publié le 7 Avril 2018

François Mitterrand avait réussi à faire du Parti Socialiste la première force politique à gauche, capable de porter un idéal progressiste, de justice et en même temps crédible pour gouverner.

Pour cela, il avait constitué une alliance des partis de gauche avec notamment le Parti communiste. Conséquence, le programme commun était très axé sur une intervention de l’Etat avec des nationalisations et des aides sociales. Mais une fois élu, après les premières réformes engagées, il fallut adopter le tournant de la rigueur, décidé dès mars 1983 par François Mitterrand.

Nous sommes dans une mondialisation, les économies sont interdépendantes, en concurrence. Cela réclame une réflexion pour construire un nouveau projet de la gauche de gouvernement.

Quelle est la place de la gauche dans ce monde nouveau ? Quel projet porter pour gouverner le pays ?

Il existe toujours une gauche contestataire, anticapitaliste. Elle pourrait prendre la voie d’un alter-mondialisme. Dans ce sens, elle serait utile à toute la gauche en portant des projets novateurs et sociaux. Mais cette gauche n’est pas vraiment au travail en France car bien trop conservatrice. On est avec la France insoumise de Mélenchon dans une gauche contestataire autour d’un leader charismatique surtout préoccupé de sa voix et de son image, dans des discours populistes. Il s’agit de s’attaquer au pouvoir en place, contre Emmanuel Macron, de s’attaquer au monde de l’argent contre les dirigeants des entreprises, de contester, mais seulement de contester. Le projet alternatif n’est pas construit. On reste dans la facilité avec des références du passé, une culture historique qui ne correspond plus au monde présent.

Il n’existe plus de gauche de gouvernement capable de porter un réel projet dans un monde ouvert. En 2007, la candidature de Ségolène Royal avait suscité un élan populaire mais aussi de fortes craintes dans l’appareil du Parti, craintes de voir remettre en cause le discours, les alliances, les orientations classiques. Le Parti socialiste était devenu en fait un parti conservateur, incapable de comprendre le nouveau monde, de réfléchir sur un nouveau programme progressiste, social dans un monde ouvert. En 2012, François Hollande avait réussi toutefois, à la barbe de Martine Aubry dirigeant le parti, à porter un projet plus ouvert sur le monde. Mais il lui fallait aussi donner des gages de conservatisme à gauche et sa présidence fut secouée et affaiblie par les frondeurs garants de l’orthodoxie « de gauche ».

L’élection d’Emmanuel Macron fut clairement orientée sur le projet d’une France capable de se confronter à la mondialisation dans l’Europe. Il n’y avait pas de projet crédible à gauche.

La gauche est-elle condamnée à l’opposition, dans la simple contestation ?

Pour sauver la gauche, il faut du courage. Il faut accepter de rompre avec un discours classique sans renier les fondements du socialisme de Jaurès. Le projet de gauche reste de porter un idéal de progrès et de justice. Maintenant, comment porter cet idéal dans le monde actuel ?

Le socialisme français avec Proudhon portait un projet plus mutualiste et moins étatique. Rouvrons la porte du socialisme … soyons ferme sur notre idéal mais ne nous bornons pas à un modèle économique qui a montré ses échecs, d’autres voies sont possibles. Cette forme participative ouverte par Ségolène Royal peut nous remettre sur une voie nouvelle. La société a des ressources pour réinventer et réenchanter le monde. La société du chacun pour soi n’est pas l’idéal de la gauche. En sortant d’une bataille économique archaïque, nous pouvons ouvrir une nouvelle voie à gauche.

Philippe Allard

Rédigé par Philippe Allard

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article