A gauche, je ne vois rien venir ….

J’appartiens à cette gauche humaniste à la fois consciente des réalités économiques, progressiste et profondément attachée à la justice sociale. Je suis pour une société de l’émancipation et de la fraternité. J’aime cette France capable de soutenir la création, l’initiative, l’excellence et en même temps généreuse, accueillante, solidaire. Une nation s’identifie par les valeurs qu’elle porte, et je suis fier des nôtres : pour la liberté, l’égalité et la fraternité. Je suis Charlie.

Je me sens l’héritier de ces grands morceaux de notre histoire qui font pour moi la gauche, pas celle d’un parti mais celle d’un engagement humain, de tous ces combats : de 1789 pour arracher les droits de l’Homme, du combat contre l’esclavage, des luttes ouvrières du XIXè.s, de ces droits acquis en 1936, de ces résistantes, ces résistants contre le fascisme, des combats pour l’égalité femme-homme, de celles et ceux qui ont su se lever contre la colonisation, de toutes ces lois progressistes acquises sous François Mitterrand, Lionel Jospin et François Hollande. De ce combat aujourd’hui pour rappeler combien notre terre nous appartient à tous et doit être préservée pour les générations à venir.

Pour moi la gauche c’est cela, ce sont tous ces combats pour bâtir une société plus humaine.

Mais je ne me sens pas appartenir à cette gauche contestataire sans espérance, cette gauche frondeuse sans lendemain, à cette gauche qui oublie l’essentiel : gouverner avec toute la responsabilité, toute la difficulté que cela représente, car il ne s’agit pas seulement de contester mais de porter le changement. Aussi, lors de la dernière élection présidentielle, après le retrait de François Hollande, alors qu' il n’y avait pas de candidat pour représenter la gauche qui gouverne, j’ai voté pour Emmanuel Macron.

J’espérais que se constitue après cette élection une force à gauche de soutien, mais avec des exigences fortes pour assurer ce « en même temps » indispensable pour gouverner avec responsabilité.

J’espérais voir se constituer une nouvelle force à gauche capable de définir une orientation crédible dans un monde ouvert. Capable de dire oui quand cela va dans le bon sens, et non pour apporter les corrections nécessaires.

Au lieu de cela, c’est la gauche contestataire, populiste et souverainiste qui porte la voix. Cette gauche n’est pas ma gauche.

Au lieu de cela, on assiste à un morcellement du reste de la gauche en de toutes petites structures aux visions à court terme, avec le seul espoir de remporter des élections ou tout au moins d’être le plus haut possible, toujours ces stratégies d’appareil … ce manque d’ambition et de vision pour le pays.

Non décidément, à gauche, je ne vois toujours rien venir …

Philippe Allard